Janvier

 

Lundi 31 janvier
Chaque matin, après avoir regardé, tout en déjeunant tranquillement, l’Indep sous toutes ses coutures, Jean-Pierre se régale de venir passer quelques instants derrière le Roc, bien à l’abri de la tramontane, manière de ne pas perdre le contact avec cette nature côtoyée pendant près de 50 ans.
Derrière le Roc, c’est un peu son jardin, son ‘’chez lui’’ ; on le sent heureux d’être là au milieu de ses ceps, à rendre service désormais, à son fils et beau-fils, sans avoir à se prendre la tête avec la gestion de l’exploitation.

Jeudi 27 janvier
Ce n’est pas demain la veille que la famille Puig va pendre la crémaillère dans son futur garage agricole situé sous Lou Sarrat. Mais le plus gros semble fait avec la livraison des blocs annonciateurs de la fin des ‘’soucis’’ paperasses. Robert doit être bien soulagé et ses fistons, macarelle, se préparent un avenir serein et doré avec tout le matos à quatre pas des fenêtres et loin du moindre voisinage.

Mardi 25 janvier
Lorsque un Pallagousty vigneron rencontre un autre Pallagousty vigneron, ils se racontent, bien évidemment, des histoires de vignerons (temps, taille, tracteur, traitements…). Mais bien sûr, aussi, ils discutent immanquablement du bon vieux temps des tournois de sixte joués à Prats de Sournia et dans le reste du Fenouillèdes. Eric, Pallagousty dans l’âme, qui garda de nombreuses années, avec succès, les cages Planézoles, près de trois décennies plus tard, est resté le même avec juste quelques kilos en plus. Jovial, heureux de vivre, sympa jusqu’au bout des ongles, il a toujours ce même sourire qui donne l’impression que, ciel voilé, neige ou brumasse, le soleil brille. Bien souvent penché sur ses syrahs au croisement de Montner, c’est un plaisir de s’arrêter à chaque fois 5 minutes lui faire une grosse bise.

Dimanche 23 janvier
La vigne de l’arbousier si chère à Brigitte, orientée pile poil côté soleil levant, est un véritable régal pour tailleur gourmet. Une pente juste ce qu’il faut pour soulager le dos, des ceps dix ans d’âge en pleine bourre avec de quoi dessiner des gobelets parfaits, un ‘’rasclet’’ pour l’occasion et, caraï, quand arrive la dernière souche, Brigitte se languit déjà de recommencer l’année suivante.

Vendredi 21 janvier
Quand il fait beau, c'est-à-dire pratiquement tout le temps, mémé Jeannette et ses petitounes, Angelina et Andrea, aiment rendre visite au sympathique Oscar qui se sent parfois seul du côté du Roc. Croutons de pains en  poche, connaissant le chemin par cœur, elles se régalent à l’avance d’écouter la belle symphonie de ce brave quadrupède, symphonie qui se termine invariablement sur une note 4 octaves en dessous de zéro.
PS : 25 ans jour pour jour que Coll-Lacour François, décédé le 19, rejoignait ses ancêtres dans notre vieux cimetière.

 

Mercredi 19 janvier
Voilà bien longtemps qu’il n’était pas venu bricoler dans le coin, le Solérien Daniel et c’est toujours un grand plaisir de serrer la main ou faire un gros poutou de bonne année à celui qui a fréquenté, en même temps que la plupart d’entre nous, les bancs de l’école communale, les rues et ruelles planézoles, les bords du Gourd’En Coq et bien sûr, les cerisiers d’Alexandrine. En plus, l’occasion lui est ainsi donnée, à chaque fois, de revoir sa sœur Dominique, restée, elle, au pays.

Mardi 18 janvier
Chaque vendredi soir, la biblio reste un coin agréable à retrouver, surtout pour les enfants qui fêtent ainsi la fin de la semaine scolaire pendant que nos anciens, eux, en profitent pour papoter cinq minutes sur le temps qui passe. Et quand on voit le grand garçon qu’est devenu Mattéo, alors qu’il a pratiquement inauguré ‘’Au jour le jour’’, comment ne pas penser que le temps passe vraiment vite ?

Lundi 17 janvier
Quand la tramontane tombe, bien souvent la matinée se révèle ‘’frisquette’’ avec, plus ou moins, une petite dose de gelée. Les sarments de syrah entassés sur le bord des vignes n’attendent que le bon-vouloir du vigneron pour s’enflammer et Jo, comme tous ses copains, craque une allumette dans ses moments là, manière de se réchauffer même de loin d’une part, et conscient de l’autre, que côté incendie, l’indice est de 0 puisque le vent est nul.

Dimanche 16 janvier
Margarete, toute de bleue vêtue, le visage saupoudrée de bleu lavande, ponce et reponce les 28 volets de nos 3 gîtes. Méthodiquement et surtout, patiemment, elle n’en oublie aucun recoin car, une fois fini le ponçage, viendra le temps pour le mastic et la peinture.

Samedi 15 janvier
On les pensait définitivement renvoyés au fin fond de l’Afrique à coups de grosse tramontane ou, au minimum, noyés en Méditerranée mais, dès qu’un étourneau se paie le luxe de faire le guet sur l’antenne du paratonnerre fixée tout en haut de notre centenaire clocher, tous ses copains sont, à n’en pas douter, dans les parages. Moins nombreux que l’an passé mais, semble-t-il, plus grassouillets, tels des flocons de neige, ils squattent le village et, macarelle, arrivé le temps des cerises, il faudra compter avec eux pour le partage. Peut être un traitement bien ajusté, bien ciblé, à dose de petits granules homéopathiques, sera nécessaire le moment venu pour leur faire comprendre qu’ils filent du mauvais coton.

Jeudi 13 janvier
La vieille porte de feu la cave Loubet de Sceaury qui a connu deux guerres, les inondations de 40 et mille autres aventures, s’est contentée, sa vie durant, de coulisser de gauche à droite et vice-versa sur un rail, prenant quelques ‘’couffats’’ au passage lors de la métamorphose de cette même cave en Maison de Paul. Enlevée en un seul morceau dans le but d’être rénovée, elle est revenue, de son unique voyage, rajeunie certes mais en trois ‘’boussinots’’ puis recollée sur place. Depuis une paire d’années, elle se ‘’passège’’, s’ouvre et se ferme un peu plus souvent (dégustations, théâtres, concerts, réunions, anniversaires, stages, vœux du Maire…) et du coup, elle est en train de doucement ‘’péter les boulons’’ avec un risque de se retrouver un jour ‘’espatarrée’’ au milieu de la cour. Alors, qui de mieux placé qu’Alex, qui habite juste à côté, pour ‘’reboulonner’’, réparer, rectifier, poncer, ajuster, niveler… bref, en un mot, lui redonner en trois fois rien de temps, un siècle de vie supplémentaire ?

Mardi 11 janvier
Rue de la République, l’ancienne bâtisse de Monsieur Loubet qui, jadis, abrita des chevaux sans compter et rénovée voilà une décennie ou deux par notre bon ferronnier Alex, est devenue depuis un des rares lieux Planézols (avec J.M.R. Mécaniques) où il fait bon se retrouver à discutailler une fois le soleil couché à l’horizon, est devenue donc, une petite forge où le bon accueil y est indéfectible et où, en franchissant son seuil en cas de besoin, l’évidence se fait jour que la bonne porte a été choisie.

Dimanche 9 janvier
Les vœux 2011 de Sid à la Maison de Paul en ce vendredi soir ont été marqués par le départ officiel de Carole et la toute aussi officielle arrivée de notre nouvelle secrétaire Béatrice. Après un petit débat sur les problèmes liés à l’eau et concernant, malheureusement, chaque village de France et de Navarre, les incontournables questions diverses ont, une fois n’est pas coutume, pris un drôle de chemin.
Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la pierre le premier, disait, ‘’fa temps’’, Jésus à la foule excitée et, macarelle, pas une pierre n’a été lancée.
Depuis toujours et bien avant école, clocher, église et Mairie, nos villages ont connu chiens errants, voisins embêtants, enfants agaçants et solidarité à bon escient.
Dans le nôtre, qui n’échappe pas à la règle, chacun d’entre nous, malgré toute sa bonne volonté, est amené un jour à faire des ‘’cagades’’.
Alors, avant de se lancer dans de stériles querelles de clocher, avant de rouspéter, avant d’aller chercher ‘’midi à 14 heures’’, chacun se doit d’interroger d’abord son propre miroir et de l’interroger plutôt 7 fois qu’une, chacun se doit ensuite de bien déblayer son devant de porte avant de songer à celui de son voisin et chacun enfin doit prendre conscience que le temps de la traque aux sorcières et des pendaisons publiques est bien révolu.
Une Mairie existe et, sage, serein, responsable et positif est celui ou celle qui demande audience au Maire et son Conseil pour lui exposer ses moindres soucis.
Carole et Béatrice sont reparties avec un bouquet de roses rouges et, pareils aux Gaulois d’Astérix, la soirée s’est terminée, pour ceux qui le voulaient bien, autour de tables garnies de toasts, soupe, rôti et compagnie.
Hauts comme trois pommes, à des années-lumières d’être ‘’grands’’, les enfants, tels un arc en ciel, ont éclairé la soirée à coups de cache-cache et trappe-trappe.


Vendredi 7 janvier
En cette fin de semaine, un brouillard à couper au couteau recouvrant le village et ses alentours, n’était pas sans rappeler celui de l’ami Walden, là bas, du côté de Londres. Les vignerons, déjà isolés par le remembrement des années 80, se sont sentis encore plus esseulés, une fois pris sous la ‘’brumasse’’ et même les corbeaux du coin se sont bien gardés de quitter leur nid. Des moments rares, agréables à connaître tant que cela ne dure pas.

Mercredi 5 janvier
Depuis le début de la taille, chaque samedi, Georges, imperturbable, ‘’asboudrague’’ à tire-larigot les sarments patiemment alignés tout au long de la semaine dans les ‘’llaques’’. Tel un orage de grêle, on l’entend de loin mais, côté efficacité, faut reconnaître, que c’est plus expéditif que de ramasser à la main.
PS : N’oubliez pas vendredi les vœux du Maire dès 18h suivis du pot de départ de Carole.
PSbis : Aujourd’hui, un bisou spécial à Jo !!!

Lundi 3 janvier
Il y a peu, Margarete était l’invitée des élèves du CP d’Estagel afin de, secrètement leur enseigner la fabrication des biscuits de Noël traditionnels Suisses destinés à être offerts à leurs parents en guise de cadeau de fin d’année. Une vingtaine de petites têtes blondes, brunes et rousses se sont ainsi initiées, l’espace d’un matin au métier de pâtissier mais l’histoire ne dit pas si tous ces bons gâteaux, bien ficelés dans des petites boites en origami, sont bien arrivés à destination.

Samedi 1er janvier
En ce 1er de l’an, à l’image de ces poissons d’eau douce ‘’heureux comme Baptiste’’, BONNE ANNEE A TOUS ! Savourons à l’avance les belles choses à venir en espérant ne pas en connaître de trop tristounettes.