Casots Citernes Capitelles
 
     
 

Capitelles

Sentinelles immobiles postées sur les Canorques, St Martin, Bac, Garouilla, Sarrat del Coll del Gabach ou autres, semblant veiller de près ou de plus loin sur notre beau village, les capitelles sont là pour rappeler qu’il fut un temps, elles étaient essentielles à ceux qui nous ont précédés et qui, bien sûr, les ont bâties. Certaines d’entre elles aujourd’hui peuvent même ressentir une légère fierté pour avoir su garder intactes jusqu’à la moindre de leurs pierres. En observant ces ‘’guérites’’ de plus près, on note que le plus grand soin était accordé à l’entrée. Pas une, en effet, ne fait face au vent du nord. En se glissant à l’intérieur, on peut imaginer avec émotion ces bâtisseurs d’un autre temps qu’étaient les pères des pères des pères de nos pères façonnant les murs de leurs mains rugueuses en prenant bien soin de la forme et de l’emplacement de chaque llose ou pierre à poser. Léon Bedos, décédé en 1949, berger dans sa jeunesse, fut sans aucun doute le dernier à s’y être régulièrement abrité avec chiens et troupeau. Aujourd’hui, implantées depuis des lustres aux quatre coins du terme, elles sont là comme un tableau accroché au mur et que l’on ne voit plus à force de le regarder. Que ceux qui, des décennies durant, y ont trouvé refuge, ne nous gardent trop rancune de l’oubli dans lequel elles ont glissé.


Les casots

pour un grand nombre d’entre eux, sont indissociables de la culture de la vigne. Si certains, de briques et ciment (Tourredeille, Peyrière, Coume den Daniel), datent des années 40 et 50, les plus beaux, les plus accomplis, remontent à un bon siècle plus tôt, environ vers 1850 (Moudéga, les Counties et les Fontasses). Celui de l’Olivette, vrai lieu-dit La Jasse, appartenant  à la famille Loubet de Sceaury, était une bâtisse magnifique où les troupeaux, dans le temps prenaient plaisir à s’y réfugier. Emportée comme fétu de paille aux inondations de 1940, elle fut reconstruite ‘’modernement’’ tout en haut de la parcelle.
Si les capitelles sont trop éloignées de nous pour nous livrer leurs secrets, de belles histoires, elles, sont liées aux casots. Du temps de la passerelle, bien avant la construction du pont, Puy Louis, papa de Joséphine, occupé à labourer côté Della L’aygue, fut tout étonné en fin de  journée, au moment de passer le gué, de se trouver nez à nez avec une Agly devenue infranchissable pour cause d’orage tombé en amont. Abritant son cheval dans le casot du Planal pour la nuit, il regagnera le village par la passerelle avant de la repasser un peu plus tard dans l’autre sens avec, sur son dos, paille, avoine et foin pour son fidèle animal. Situé un peu plus haut, celui du Moudéga camouflera durant la seconde guerre mondiale les calibres ‘’12’’ de Théophile et François. Canons bourrés d’huile, emmaillotés de chiffons, trois pieds sous terre et recouverts de fagots et vieux ceps en surface, ils échapperont ainsi à la réquisition allemande. De cette aventure, le ‘’canon rayé’’ de François garde depuis des traces de rouille. Le casot de l’Armingau, lui, verra débouler un après-midi d’été, le laboureur et son cheval surpris par un orage de grêle tombé sur la Coume den Daniel. C’est en recouvrant la tête de l’animal d’un sac de toile de jute que le paysan évitera à ce dernier de s’emballer.

 
 


Les citernes

celles qui encore aujourd’hui sont en état, ne servent pratiquement plus que ‘’d’abreuvoirs’’ aux chiens de chasse ou de piscine aux tétards. Leurs petits bassins attenants, prévus dans le temps pour la préparation de la bouillie bordelaise, sont maintenant régulièrement squattés par les gros lézards verts en quête de fraîcheur. La plupart d’entre elles, datant à peine d’un demi-siècle, sont dans un état déplorable. L’arrivée échelonnée dans le temps des barriques en fer, des cuves plastiques ou fibres de verre, des appareils de traitement type canon ou voûte, a relégué nos belles citernes au rang des oubliettes.
La course aux hectares, la fuite en avant, les gadgets du XXIème siècle, font que petit à petit, ce beau patrimoine légué après tant de sueur par nos Anciens, fond comme neige au soleil.
Les puits s’assèchent, les murettes s’écroulent, les cerisiers s’empoisonnent, les citernes s’effritent, les ‘’basses’’ s’enterrent, les jardins se perdent, les ruisseaux se comblent et les rigoles ne rigolent plus…
Puissions-nous ne jamais le regretter !