Mines de Planezes
Historique
C'est sans doute aux frères Couffy que l'on doit
la découverte du gisement de Planèzes.
Mineurs et chercheurs infatigables, ils allaient par la
montagne, bien souvent à la rencontre de désillusions, partant
sur les données imprécises d'un berger ou d'un chasseur,
ou bien partant d'eux même à l'aventure.
C'est à eux que l'on doit tous les travaux de la Tourèzes
, du versant de Planèzes et de Latour de France.
Attirés par un pointement plus important vers la côte 315,
ils y attaquèrent une descenderie qui, dés le niveau 300,
reconnut l'importance de l'amas que l'on exploite actuellement.
Le manque de fonds les maintenant dans leur rôle de chercheurs les
obligea à vendre.
Ce fut le départ d'une société qui, plus tard, devait
être celle des Mines de l'agly
Aperçu géologique
Dans toute la région, une énorme masse calcaire
recouvre au nord des synclinaux de schistes siluriens, base et roche noire
de la formation ferrifère.
Au sud, vers l' Agly, on trouve toute la gamme des roches cristallophylliennes,
gneiss, micaschistes et autres.
Gîte
Le gîte de Planèzes se présente sous
forme d'amas, de direction N.N.E plongeant vers le S.E sous un angle de
35° environ pour la première zone.
Dans la seconde, la direction est ouest. C'est avec plongement de 45°
à 50° au sud (voir plan géologique et coupes)
Dans la première zone, amas de substitution à des calcaires
avec, comme départ originel la pepite de fer qui, sous le contact
des eaux d'infiltration passe au sulfate de fer, puis au carbonate de
fer en présence des carbonates de chaux et se transforme par disparition de
l'acide carbonique
Dans la deuxième zone, remplissage de grottes avec un minerai d'apport
provenant de l'érosion de massifs qui se trouvaient anciennement
sur la Tourèzes.
On rencontre fréquemment, inclus dans ces minerais, des rognons
de calcaires roulés ou des paillettes de schistes qui dénoncent
bien l'apport.(voir coupe de la grotte passant par les niveaux 272 et
238 ; pages 14.)
Le principal des amas reconnus sur 100 mètres de hauteur (du 216
au 315) a une longueur de 50 mètres et une puissance moyenne variant
de 10 à 20 mètres.
Teneur et aspect du minerai
Le minerai se présente sous forme d'hématite
brune excessivement friable et donnant
à l' analyse :
FE= 59.40 % SIO²= 1.90 % S= 0.09 % PH= 0.02 a 0,04% , la densité
est de 3.1.
Parfois on rencontre dans la masse des poches de limonite
assez pure.
Dans la première zone, la minéralisation a comme mur
les schistes métamorphiques rouges et comme toit le calcaire.
La deuxième zone comprend presque exclusivement des remplissages
de grottes formées dans les calcaires.
Exploitation
Quatre niveaux sont actuellement en exploitation : les 238 ; 260 ; 280
; 315.
L'abattage se fait par tranches horizontales prises en montant avec remblais
complets.
La hauteur d'une tranche est de 2M.00.
Avant de commencer l'exploitation d'un étage, on se met en communication
avec l'étage supérieur par un puits vertical monté
généralement dans le milieu du massif.
Ce puits a 2 compartiments.
Le premier servira à l'aérage, à la venue des remblais
et à la circulation du personnel.
Les puits pour l'évacuation du minerai : deux au moins se trouvent
à chaque extrémité du massif.
Ils se forment dans les remblais au fur et à mesure de l'élévation
des tranches ;
alors que celui à remblais se supprime.
Le traçage principal A, se fait presque toujours dans le milieu
de l'amas et suivant sa longueur.
Sur ce traçage, et en allant vers le toit et vers le mur, on attaque
les recoupes secondaires B, espacées de 10 en 10 mètres.
C'est alors que commence la période d'exploitation proprement dite.
De chacune de ces recoupes partent des dépilages C ayant 2 mètres
de hauteur et 2 mètres de largeur.
La distance entre deux recoupes étant de 10 mètres, la longueur
de chaque dépilage n'excède pas 5 mètres, ce qui
permet sans reculage onéreux le chargement direct dans le
wagonnet, celui-ci arrivant jusqu'au fond des secondaires .
Le rendement par homme à l'abattage varie de 2 T 900 à 3
T par journée de 8 heures.
L'abattage se fait soit au pic, soit à la cheddite et dans ce cas,
le forage des trous de mine se fait à l'aide de tarrières,
rarement de burins.
Remblayage
Suivant la disposition de l'étage en exploitation, le remblayage se fait soit avec les déblais provenant des recherches des niveaux supérieurs, soit avec ceux provenant d'une carrière extérieure ou encore de chambres d'éboulements provoquées dans les anciens travaux.
Roulage
Les niveaux 220, 238 et 260 sont en communication avec la galerie de sortie (dite galerie de la mule) au niveau 190, par un puits à deux compartiments de 70 m de hauteur et à section rectangulaire de 2,60 m x 1,50 m.
Dans les tranches et les niveaux intermédiaires, le roulage est fait par des hommes avec des wagonnets genre Decauville contenant 700 kg de minerai.
Dans la galerie de sortie, on emploie des berlines contenant 800 kg de minerai et traînées en trains de 6 par un mulet, jusqu'aux trémies de chargement du câble.
Boisage
Le système de boisage ne diffère pas de ceux déjà décrits pour les Compagnies du Nord et du Pas-de-Calais.
Le boisage des tranches, recoupes, voies secondaires et principales est le même. Il se fait à entailles et à gorge de loup. Le boisage des puits se fait avec des bois de chêne et à cadres touchants, comme pour les buses d'aérage.
Carrière
Les exploitations plus distantes de la surface, telles
celles du 238 et 260 sont alimentées en remblais par des carrières
de calcaire, ouvertes aux niveaux 270 et 300.
L'abattage s'y fait à l'aide de marteaux perforateurs type Jugersool
B.B.R.13 et Hardy-Gimplex B-5 alimentés par un compresseur Jugersool
de 12 chevaux.
Ce dernier est actionné par un moteur à essence Rustic de
15 cv, consommant 4 a 5 L d'essence à l'heure pour une pression
de 15 kg d'air comprimé.
Bon an, mal an, on extrait de ces carrière 5 à 6000 mètres
cubes de déblais par année.
Cable
Sortant de la mine, le minerai est versé dans une trémie
d'une capacité de 500 tonnes et se trouvant a proximité
du départ du câble.
Ce dernier, d'une longueur de 3 km 900, part de la côte 180, passe
à la côte 310 pour terminer à la côte 120 où
la Société possède un embranchement particulier sur
la ligne Quillan Rivesaltes ( compagnie du Midi).
Sur ces 4 kilomètres, les câbles porteurs sont soutenus par
deux stations intermédiaires et 30 pylônes de hauteurs variant
de 3 m 50 à 24 m, le tout en bois (voir plan).
Les tensions intermédiaires permettent de tronçonner les
porteurs en plusieurs parties et de n'avoir pas à tomber 4 kilomètres
de câble pour effectuer une réparation au dit porteur.
De plus, à chaque station, l'extrémité du câble
est reliée à un contre poids chargé à 14 t
pour le porteur plein et 9 t pour le porteur vide, permettant ainsi une
tension des câble plus rapide et plus efficace.
Le passage d'un tronçon de câble à un autre ce fait
sur un système d'aiguille.
Le câble porteur a un diamètre de 30 mm côté
plein, et 22 mm côté vide.
Le tracteur de 14 mm a donné aux essais à la traction une
résistance de 10 tonnes 500.
Les bennes d'un poids total de 97 kg transportent chacune 350 kg de minerai,
et sont espacées de 100 mètres en 100 mètres.
L'appareil d'embrayage est à friction. Deux mâchoires serrent
le câble et un excentrique maintient le serrage.
La vitesse du câble est de 1 m 10 par seconde, ce qui donne un débit
de 11 tonnes 500 à 12 tonnes à l'heure.
La mise en marche est effectuée par une machine à vapeur
½ fixe, 25 chevaux consommant 50 kg de charbon et 375 litres d'eau
à l'heure.
Les tronçons de câble sont reliés entre eux par des
manchons constitués par deux fusées et une vis de raccord
au milieu.
Toute en acier, une extrémité de la fusée à
le même diamètre que le câble et l'autre, que le pas
de vis.
Pour raccorder, on introduit le bout du câble par la pointe de la
fusée, puis on ligature avant de séparer les fils du câble.
On commence par travailler ceux de l'âme, les fils de couronne l'étant
ensuite.
Chaque fil est retourné en forme de crochet sur 1 cm de long.
Il en est de même pour les autres fils, mais en les laissant 2 à
3 cm plus long que les précédents, de façon à
ne pas former un bourrelet trop gros pour entrer dans la fusée.
La partie recourbée étant introduite dans la fusée,
on coule dessus un bain d'étain de part (peut-être) et d'autre. |